L’Oréal, en ajoutant Mugler et Azzaro à son portefeuille d’une vingtaine de parfums de luxe, devient le numéro 2 mondial des cosmétiques pour se transformer en groupe de luxe à la LVMH. Avec l’ajout de ces marques et de leurs jus iconiques comme Angel ou Chrome, L’Oréal va encore renforcer ses positions sur le secteur des parfums, dont le numéro un mondial est Coty, qui lui ne rachète pas de marque de couturier mais de la demi-mondaine Jenner issue des « Kardashiantes ». Une croissance pour le groupe français de 7,8 % des ventes en 2018 soit 2,5 milliards d’euros. Mais, derrière le parfum, n’y-a t-il pas une stratégie de changer l’objectif de plonger dans la couture et les accessoires, faire ce que les couturiers se sont mis à faire autrefois du parfum alors qu’ils n’étaient que couture. L’Oréal se mettrait donc à son tour à faire de la couture?
J’aime le parfum autant que la mode. Cela m’a toujours fait rêver et rien de mieux pour témoigner de l’identité d’une marque. Quatre-vingt-cinq ans plus tôt, Gabrielle Chanel déclarait : « Il n’y a pas d’élégance possible sans parfum, invisible et ultime accessoire inoubliable. » Des parfums et de la mode, la liaison est tellement étroite qu’on pourrait la dire conjugale.
C’est l’invisible accessoire et entre l’avènement de la parfumerie moderne à la fin du XIXe siècle et sa main mise par le monde de la couture, il a fallu presque un demi-siècle, le temps de s’adapter aux découvertes de la chimie ainsi qu’à la modification du métier de parfumeur et à l’essor industriel qui s’ensuit. Le premier, en 1911, qui a associé senteurs et Haute Couture est Paul Poiret, qui créa les Parfums Rosine, du nom de sa fille.
Du jour au lendemain, c’est la ruée vers l’odeur de Jeanne Lanvin, Worth, Paquin, Molineux, sans oublier les modistes et les fourreurs. Même si les industriels de Grasse se réjouissent de cette affluence de clients, d’autres s »en émeuvent. Le grand couturier est-il qualifié pour créer des parfums ? Les gens de la mode n’ont pas besoin pour accroître leur chiffre d’affaires, d’empiéter sur le territoire d’autrui disait-on à l’époque. Faire un parfum et une robe, c’est pareil. C’est le même univers, à la fois artistique et industriel. On travaille sur la contradiction : un flacon rond et carré, un jus poétique et moderne, un ruban en gros-grain et une signature en graffiti.
Si les yeux sont le miroir de l’âme, le parfum est celui du cœur, et je ne peux m’empêcher de penser à Serge Mansau, sculpteur et créateur de flacons de parfums qui façonna cette profession par sa vision.
Anonymode