Glenn Martens fait partie des créateurs que nous voulons suivre. Avec son côté modeste, il est l’anti-thèse de Karl Lagerfeld. Le jeune créateur de Y/Project est à l’image de la génération des trentenaires moins intéressée par le succès que par la liberté, et ouvert à toutes les influences sans distinction.
Depuis son arrivée à la tête de la maison en septembre 2013, Glenn Martens a réussi à imprimer sa marque. S’emparant des classiques du streetwear autant que du tailoring, il les tord pour en livrer une traduction résolument contemporaine et post-moderne.
Le Flamand aime multiplier les références. Un clin d’œil à la peinture de Vermeer qu’il affectionne tout particulièrement. L’une des particularités de Y/Project est que le vestiaire masculin est aussi porté par des femmes. Quand Y/Project a été créé par Yohan Serfaty décédé en 2013, les pièces masculines étaient si slim, que les femmes les portaient aussi bien que les hommes. Cela a toujours fait partie de l’histoire du label.
Mais c’est un virage pour la marque, qui nous livre une collection toujours sur un streetwear revisité assez abouti : jean avec des pattes d’éléphant redéfinies dans leur forme, manteaux de fourrure extra-larges type femme de cro-magnon, des cols toujours très hauts sur le cou, une écharpe brandée « Marie Antoinette et Joséphine de Beauharnais » en slogan lancée nonchalamment sur l’épaule, rendant ainsi hommage à l’égérie de la femme du château de la Malmaison surnommée ‘la belle Créole’.
Manteau long de velours sur une combinaison blanche de vinyle du plus bel effet. Robe de velours rouge courte avec pantalon assortie, coupe de la femme « Star Trek ». La collection ne semble pas avoir de thème particulier. Il y en a certainement un, mais je ne le lis pas en général pour ne pas me faire polluer par les discours marketing trop imposants.
Comme la haine de la poésie ou de la beauté, il construit son projet plus pour exister que pour plaire. Comme un égoïste de la mode, il crée pour lui et pour lui seul. Comme si la femme n’était qu’un support physique à sa gloire future. On ne fait pas ce qu’on veut et, cependant, on est responsable de ce qu’on est disait Sartre. C’est toutefois, une marque à suivre pour le futur et qui sera certainement de mieux en mieux.