Devant le musée Rodin une foule de jeunes filles, entre 18 et 22 ans, portaient ce qui peut être considéré comme le vêtement fétiche du prochain printemps : une blouse transparente coupée en forme de tee-shirt avec des broderies Dior. C’est comme un symbole, une onde d’électro-choc , prélude à ce qui allait suivre. Une salle immense, teintée de bleu marine et de noir, annonçait la prédilection de Monsieur Dior pour le bleu, sans plus verser dans un discours nostalgique . Maria-Grazia Chiuri aux commandes de la collection amorce une véritable révolution qui met la maison en projection futuriste pour les années à venir. Rompant avec les codes jusque là installés, elle présente une collection résolument tournée vers la jeunesse avec pour étendard le cri du féminisme, pas celui revendicateur, plutôt comme un rappel d’égalité des sexes, comme en témoigne la bandana offerte à chaque invité où la définition du féminisme est dessinée en forme de rappel.
Ce geste est un gigantesque pas en avant, un virage de 180 degrés qui laisse derrière lui les formes familières et connues des vêtures de la maison. Ici, c’est un choc tellurique, toujours exprimé dans une excellente facture mêlant tissus luxueux et denim, bérets et tableaux un tantinet militaires mais en prise directe avec notre époque qu‘il transforme l’ensemble en un corps de travail précurseur pour la décennie à venir. Courage, témérité ? Les deux peut-être, mais c’est à ce prix que se gagnent les glorieuses batailles. Tout bien pesé et en vertu du tournant de notre époque, il n’est pas sûr que ça déplaise au Maitre de Granville. Précurseur en diable, il en aurait fait son New Look version 2017, soixante-dix ans plus tard. Plus jeune que ça on meurt.