L’image et les moyens de communication sont en vogue non pas, depuis deux décennies Monsieur Morand, mais depuis l’homme de Cro-Magnon.
Pascal Morand, par la voix des Echos, et de son maître, le Seigneur des Arnault nous écrit et voici notre réponse. Visiter la Grotte Chauvet ! En effet, la soif de création était déjà présente à l’origine de l’humanité, et l’homme, qui a fait ces dessins, était tellement doué qu’il a réalisé une perspective en 3D : quand vous avancez avec une lumière, il y a une impression de mouvement, le premier cinéma, en sorte. Alors, seulement deux décennies, c’est un peut court!
« Les industries créatives savent rendre les produits aimables », nous dit notre avionaute préféré, utilisant le mot « aimable » plutôt que marketing pour masquer une réalité. Réaliser un produit exclusivement adapté au marché d’abord et pour l’émotion ensuite ! Vous n’avez rien compris au marché et à cette profession. Le luxe et la mode, c’est d’abord une émotion ! Louis XIV, lui, a fait de la France un pays de création, il a imposé sa vision au monde, et n’a pas fait comme les anglo-saxons créer des produits pour le marché. Si vous faites cela, c’est la mort de l’exception culturelle à la Française, vous ‘Anglo-Saxonisez’ la France pour devenir à l’image de vos écoles qui fabriquent des élèves de chiens savants formatés aux maisons alors que c’est eux qui doivent ré-inventer les maisons.
Un bon créateur soutenu par des instances dirigeantes qui l’aiderait par leur action à le libérer de contraintes tel que le « retails » et autres pourraient créer en toute sérénité et remettre un travail qui, par son excellence, ne sera pas soumis au marché, mais c’est le marché qui viendra à lui. Jacques Mouclier le faisait, en son temps, en emmenant les couturiers avec Air France à parcourir le monde pour faire découvrir et exporter la couture Française hors des embouteillages parisiens. Ensuite, les journalistes du monde entier accouraient à Paris pour rencontrer les maisons. C’était bien le marché qui venait voir les couturiers.
« Les industries créatives fleurissent spécialement dans les univers urbains qui en sont les clusters, » nous dit Pascal Morand, à l’heure où les étudiants fuient Science Po et les grandes écoles pour réaliser par eux-mêmes quelque chose de concret, et surtout, avoir la satisfaction de faire quelque chose d’utile. Ils quitte les villes pour trouver « non pas un cluster », mais un hâvre de paix pour eux et leurs enfants en dehors des hordes de sauvages qui peuplent nos mégalopoles d’aujourd’hui, et où des fous armés viennent menacer leur intégrité en plein cœur des capitales européennes. Ces jeunes trouvent dans ces métiers de la mode et des métiers qui l’entourent la possibilité de pouvoir vivre avec la satisfaction d’avoir fait quelque chose par eux-même.
La diversité des origines et des expériences, favorisent une émulation porteuse de nouvelles idées et de projets audacieux. (P Morand). Encore faux ! les échanges culturels ne se font pas car les ‘banlieusards ‘ restent en banlieue et leur culture ne se mélange pas avec les métrosexuels urbains, et les couples pluri-culturels que vous voyez dans la rue ne prouvent rien. Avez-vous déjà été en banlieue ? Permettez-moi d’en douter ! L’ échange des cultures se fait par des citadins éduqués qui vont pendant leurs vacances découvrir le monde pour leur inspiration : le spiritus – Traduisez le souffle divin.
Ce dont vous parlez, c’est d’une culture intrinsèque à la banlieue, mais l’apparition ces dernières années du tissu Wax ne veut pas dire que la culture africaine vienne influencer la mode, et pour une raison simple que c’est déjà le cas depuis la nuit des temps. Savez-vous, Monsieur, que nous venons d’Afrique ! La France Empire colonial a déjà intégré il y a longtemps les cultures des pays qu’elle avait colonisés. La mode et le luxe, c’est un art séculaire et nous ne cesserons de vous le répéter.
La révolution numérique dont vous parlez et qui vous est malheureusement inconnue à la Fédération de la Mode. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir conseillé Madame Sylvie Zawadski en 1998, sur la recommandation de Jacques Mouclier, de faire un site internet et de créer un réseau social pour les gens de la mode. Ce conseil est resté lettre morte pendant plus de 15 ans, et après 20 ans de perdu avec Monsieur Didier Grumler qui, lui, a rédigé un livre à sa propre gloire, pour rester dans la mode comme le génie des ‘Quatre pattes’ suite à la déclaration de Monsieur Ardisson. ‘Oh raison funèbre’ de la mode dans ses mains, et des sociétés dans lesquelles il a été auparavant, recommencerez-vous les mêmes erreurs ?
La révolution numérique donc a changé notre façon de travailler, mais les industries numériques, dont vous parlez, avait déjà opéré cette révolution il y a 40 ans, car si vous êtiez allé dans les usines, à cette époque, vous sauriez que nous produisions les moules de verrerie à partir de maquettes réalisées avec des machines à commandes numériques, et des machines laser scannaient les maquettes, pour que les moules ensuite soient réalisés par d’autres machines par le code informatique généré. J’avais 24 ans, aujourd’hui 60. Les designers nous envoyaient par ligne téléphonique commutée les informations, et nous permettaient ainsi de réaliser des échantillons en 3 semaines. Mais où êtiez- vous donc en ce temps-là ?
La seule révolution d’aujourd’hui c’est qu’avec les mêmes fichiers nous pouvons produire sur des machines à imprimer géantes qui viennent bouleverser l’industrie elle-même, mais en aucun cas la création, qui reste dans notre pays une constante. Les jeunes eux ont plus de facilité à basculer dans cet univers car les outils puissants et portables, mis à leur disposition, permettent de créer partout et tout le temps. Les parents eux ont, je vous l’accorde, une plus grande ouverture d’esprit et de souplesse à voir leurs enfants travailler dans ce secteur.
Il n’y a que vous qui pensiez que les autres pouvaient imaginer que la mode (n’était qu’apparence et futilité) car les jeunes ingénieurs ou autres intelligences savaient qu’il y avait derrière la mode une industrie séculaire. Vous parlez certainement du grand public mais cela ne concerne pas les professionnels que vous êtes supposés connaître.
La soif de création était déjà présente dans la Grotte de Chauvet, comme mentionné ci-dessus, il est étonnant que Les Echos acceptent une chronique pour dire des contre vérités, mais peut-être que la mort de votre mentor, Monsieur Bergé, vous perturbe tellement que vous ne voyez plus clairement votre stratégie. Permettez-moi de nouveau de vous donner un conseil : changez de mentor, car l’écho ne parle jamais sans réfléchir, de même qu’il vous serait de bon aloi de prendre quelques créateurs dans votre conseil d’administration qui est composé essentiellement de comptables. Ne pensez-vous pas que leur vision vous aiderait dans ce métier de création séculaire ?
Anonymode