Qui a dit que les défilés de mode étaient réservés à des happy few ? Le label berlinois « Dumitrascu » a improvisé un show sur les quais du métro parisien, en fin de journée. Et Andra Dumitrascu a expliqué avoir dû pour des raisons d’organisation renoncer à présenter son défilé au Centre Pompidou comme elle l’avait prévu, et trouver une solution de repli en moins de deux jours.
« Je n’aimais pas l’idée de le faire dans la rue. Je me suis dit qu’une station de métro était un meilleur endroit. J’aime l’instabilité de la situation », explique la créatrice berlinoise d’origine roumaine. Probablement, c’est le souvenir de ses longues journées d’attente avec ses parents dans le métro.
Le défilé, à la station Rambuteau, est organisé sans autorisation. « Mais cela valait le coup de prendre le risque », juge la jeune femme brune, qui a fait des études de mode à Vienne avant d’ouvrir une boutique multimarques à Berlin et de lancer sa propre griffe en 2016.
Le show se passe en quelques minutes : les organisateurs tentent tant bien que mal de dégager un passage sur le quai qui sert de podium, une musique industrielle évoquant des bruits d’usine retentit. Les mannequins avancent au milieu des passagers qui montent et descendent des rames, on ne distingue plus très bien qui est qui. Les invités filment avec leur portable, réjouis. Le métro était un endroit approprié pour une marque à l’esthétique undergroung, qui défile hors du programme officiel de la Fashion Week, et avait présenté son précédent show dans un hôtel de rencontres érotiques.
Cette collection printemps-été 2018, intitulée « kebaby », dresse le portrait d’une jeunesse aux origines diverses, dont le vestiaire mêle l’influence du sport, l’univers des raves parties et les vêtements islamiques, pour une mode unisexe, portée par des filles aux cheveux ras et des garçons maquillés. La silhouette de ces jeunes est tantôt pudique, tantôt dénudée. Les matières techniques sont d’une grande fluidité.
Dans le calendrier officiel, plus tôt dans la journée, Issey Miyake a présenté une collection inspirée de l’Islande dans un défilé accompagné de performances de danseuses. Les paysages islandais s’impriment sur des tissus plissés selon différents procédés. Les vêtements sont en mouvement, comme flottant autour du corps, rebondissant même parfois au gré de la marche.
Vanessa Seward a, quant à elle, dessiné des silhouettes d’une grande féminité, à la touche rétro. Ces femmes à l’élégance décontractée portent des combinaisons, des chemisiers légers, des foulards dans les cheveux, des petits shorts avec sandales à plateforme, des boucles d’oreille en coquillages dorés, pour un style Riviera.