ASHIANA LE NEW DÉLIT

Depuis longtemps, on en avait pris notre partie : le resto indien était l’ultime recours au frigo vide, la réponse résignée à l’appel de l’estomac en manque, le dépôt des armes devant Shiva nommée autrefois « Indra le fulgurant » mais pour la circonstance une fulgurante faim. Alors, au lieu de rester dans un « New Déni » à « prio-riz », un indien vaut mieux qu’un saurophidien – il n’y a pas de lézards. J’avais rendez-vous avec une amie que je n’avais pas vu depuis 25 ans. Je cherchais aux alentours une femme et vis une jeune fille qui devait avoir bu un élixir de Jouvence de ses copines Cancrelune et Mélissandre. « Bhoutan » les idées farfelues de chirurgie esthétique, je guettais les cicatrices que je n’ai pas trouvées. La baronne en serait restée comme deux ronds de flancs.

Depuis la place des Ternes, au 229 rue du Faubourg St Honoré, j’arrive avec cinq minutes de retard dans ce temple du Hindi de la gastronomie de la civilisation harappéenne. Loin de la mafia des fours Tandoori au pain Naan, les délices jouent l’agence tout riz : du blanc Kashimi…

Ici, on mange indien comme chez soi, mais on parle pakistanais. C’est indo-européen et on croit à Vishnu, car l’intégrisme de ceux-ci, c’est d’abord la vraie cuisine. Ils sont « youpi de sansonnet » et, pour le plus grand plaisir de notre palais, celui de Jaipur, Le Taj Mahal, bien sûr.

Je me demande qui a eu l’excellente idée de commander cet agneau à l’aubergine. Ah oui, la jeune fille de 20 ans, qui y était restée, comme une inflexion de la courbure du temps. J’ai été poussé dans un trou noir de Stephen Hawking : la brève histoire du temps, mais je ne vais pas en faire une « génisse ».

Bref, merveilleux curry d’agneau et d’aubergines fondantes à souhait qui se marient bien avec les épices indiennes et la conversation de notre jeunesse. C’était un déjeuner de jouvence et la belle me fait promettre de ne pas se revoir dans trente ans. A cela, je répondis, mais toi, trente ans ou pas, tu t’en fous, tu ne changes jamais. Probablement, un dieu hindou qui lui aura jeté un sort « hare Krishna »

Anonymode