BONJOUR BIMBO ADIEU MADEMOISELLE

J’ai retrouvé des lettres enrubannées d’un petit bolduc de soie rose dans un dossier bleu tombé dans l’oubli de la vie. C’était les nombreuses lettres que j’avais écrites, des lettres d’amour d’une époque qui, je le sais, ne reviendra jamais. Adieu Mademoiselle et Bonjour Bimbo qui vous regarde comme un portefeuille gonflé de cartes noires platinums. Adieu l’amour et le romantisme. Je prends la première lettre au dessus de ce petit colis comme pour me remémorer ce monde d’antan.

La lettre commençait par ces mots: « Hier, j’étais, comme dans un rêve, incapable d’entendre les foules qui rodent autour de moi, et une montagne de mots qui se bousculent sur ma feuille, reflète la sensualité et me fait entrevoir la splendeur aveuglante de ce moment irréel. J’ai pensé, à cet instant, comment un moment peut-il être si chimérique et si réel à la fois.

Il y a trop d’esprit entre nous, trop de littérature, et j’aime en vous cette douceur étrange qui se transforme toujours à la fois en intelligence, un curieux mélange d’une femme avec la conscience sensuelle des choses qui enivrent une vie. Ton rire était un rire capable de blesser, et pourtant il était riche, doux et moelleux.

Je croyais être amoureux de ton esprit et de ta façon de voir le futur. Pourtant, je ne voulais pas de celui-ci parce qu’il signifiait le chaos, parce qu’il fait vaciller l’esprit comme les lampions sous le vent de la Côte d’Opale. J’ai des bouffées d’amour qui m’étouffent comme un gâteau trop sec. Je rêve encore de ce baiser dévorant que j’essaye de rendre aussi réel que possible à cette heure tardive de la nuit. »

Adieu Mademoiselle et Bonjours Bimbo, adieu ce monde d’émotions intenses qui faisaient que la vie était plus vive que jamais. Adieu Mamselle, à qui j’ai conté fleurette pendant trois mois, pour enfin avoir ce premier baiser que je n’oublierai jamais. Bonjour Bimbo qui, après le restaurant hamburger choisi par ses soins, me dit en montant dans ma voiture de sa voix rauque envahie par la nicotine absorbée durant la journée à peine douce, s’aspergeant d’un parfum de mauvaise qualité donnant dans l’habitacle l’impression d’être au milieu d’un camion vide-ordures en fin de vie. (Alors tu démarres ton char me dit-elle, que l’on mette ta biroute dans mon tabernacle). Oui définitivement, adieu doux rêve de romantisme !

Anonymode