C’est l’un des parrains de la gastronomie Française qui prend l’eau, mais c’est en inaugurant une chaloupe chic pour bobos écolos en quête de croisières gourmandes pour les caprices d’un fleuve, une mise en scène sur l’affluent du même nom. Une péniche, pardon chez Ducasse, on dit un Yatch, noblesse oblige. Il y avait une ambiance électrique à notre arrivée. La tension était palpable, probablement, à cause de la pile à combustion qui honore ce navigable, appelé pour la circonstance « les quais de Sphène » comme ce métal si précieux. Bienvenue dans le monde de la restauration de luxe, là où les parisiens bien informés le savent : avoir une réservation est chose impossible à moins de s’y prendre plusieurs mois à l’avance ou d’avoir soudoyé une conciergerie VIP bien introduite.
Moitié par snobisme, moitié par impuissance, nous n’avions même pas essayé d’ouvrir ce sésame, alors autant vous dire que quand l’occasion s’est présentée on a déconstruit notre planning du vendredi comme l’avait fait en son temps Christiane Desroches Noblecourt avec le Temple d’Abou Simbel. Une croisière sur Seine à 250 euros, certes, mais avec de la vraie cuisine ce qui va nous changer des Yachts de Paris
Ce restaurant a un secret ! C’est sa vue qui va vous donner pendant une heure et demie une vision idyllique diamétralement opposée aux groupies de la reine Margot de Paname. Oui, un pari, car au bout du quai d’Austerlitz, on crie le nom de Liszt, puis au bout du quai de béthune, on y voit Sainte-Opportune et nous arrivâmes au quai de l’Horloge qui frissonne presque comme un éloge.
Ce vaisseau ouvre sa terrasse l’après-midi et propose une pause gourmande ; un cinq à sept généreux composé de bouchées salées et sucrées, d’une boisson chaude, d’une coupe de champagne ou d’un verre de vin. Le diner en soirée est comme chez Ducasse, ni bon ni mauvais, une usine à touriste oblige, mais servir dans une cuisine taille mouchoir de poche : un tour de force.
Le meilleur, c’est la navigation sur la Seine qui donne l’inspiration et qui vient perturber grandement votre sens du goût, car pendant celle-ci j’ai vu des châteaux et des jardins à la française, j’ai vu la Dame de fer et ses étoiles, le Louvre et sa Pyramide de verre, ainsi que l’eau de la Seine irisée comme un arc-en-ciel. Dans ce navire d’Alain, heureux celui qui sait goûter l’ombre du Pont Neuf, avec ses quais si fertiles de monuments qui suivent d’innombrables jours de fête. Cette glissade silencieuse sur l’eau calme désaltère mon rêve, car au cœur du fleuve de ma ville, un chef vient nous donner un restaurant où le maître de Granville, lui-même, serait probablement venu. J’adior.
Anonymode