Une nuance de rouge, à peine perceptible, se jouait dans le blanc et cru de la matière, juste au bord de la tasse, avec une ligne plus foncée en un point comme la ligne de démarcation entre les deux Corée. C’est l’endroit où s’était posé ses lèvres au bord de l’insondable légèreté de l’être, un lapsang souchong à peine visible au fond de cette porcelaine de Limoges, ornée de ce rouge à lèvres tellement féminin qui faisait de cette image un tableau de Paul Cézanne.
A bien regarder, on pouvait remarquer une nuance de terre ocre, une subtilité fugitive mélange de ton incrusté dans les fines craquelures de cette antiquité qui sert de réceptacle à ce breuvage de l’empire du milieu. Un rouge à lèvres de sang séché évoquant la passion me donne cette émotion qui fait battre mon cœur, et, en même temps, une sorte de dégoût, un écœurement malsain jusqu’à la nausée quand elle donna sa première phrase. Un imbroglio de mots entassés les uns sur les autres incompréhensible.
Mais, la tentation irrépressible me laisse la tête vide presque jusqu’au vertige. C’était dans une maison de thé, au milieu de Paname, sur une île qui vous emporte pour un voyage, là où le chocolat chaud est paradisiaque et le plus riche que je n’ai jamais connu. Le goût de Narcisse « chocolat thé » révèle une bonté de cœur, exquise tentation inoffensive pour qu’une multitude de saints protégeant la gourmandise dégringolent de leur piédestal et viennent se fracasser au milieu des noisettes et de la nougatine.
Un pur moment de cocooning, les thés sont aussi très bons, accompagnés d’une pâtisserie maison. C’est parfait pour un goûter. Les prix sont, tout de même, assez élevés, mais quand on aime, on ne compte pas.
La Charlotte de l’Isle
Adresse : 24 Rue Saint-Louis en l’Île, 75004 Paris
Ouvre à 14:00
Téléphone : 01 43 54 25 83