J’aime citer la plume Sergent Major de la « Gloire de mon père » de Marcel Pagnol et de ses Bartavelles. J’aime parler du « Château d’If » et du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Je vénère le commandant Picard pour avoir lu sa bio et avoir suivi grâce à un pure, Emile Zola et un « J’accuse » qui reste dans les anales de la grande muette. J’aime René Char, toi qui sans hâte, me dépasse dans la mort et que j’ai contredit tellement de fois dans ma course effrénée de ma jeunesse.
Quand je marche sur les quais, je passe souvent à côté de l’hôtel de Sens qui me fait retomber dans le Paris du XIVe siècle, il me transporte dans un Paris depuis longtemps oublié. Savez-vous que Nostradamus y est venu dormir quelques nuits autour de 1556 ? Nul ne sait ce que ce célèbre Devin avait prévu pour cet hôtel lors de son passage. Certainement pas que la reine Margot y habiterait en 1605. De son passage, on n’y retient que le fait qu’elle a fait couper un figuier pour laisser place à son carrosse, et construire une porte dérobée pour laisser entrer un charpentier, Gabriel Dat de Saint-Julien, son amant, qu’elle a fini par faire décapiter, comme une mante religieuse lambda, décrite par Guy Breton dans Margot et ses deux amants.
Quand je rencontre une Sophie, je pense à la Comtesse de Ségur qui nous donna cette image d’une femme dans ses malheurs qui transgresse, mais bien en avance sur son temps. Quand je lis Millennium, je regarde l’incommensurable cruauté que peut donner un être humain. Quand je parcours Paul Éluard sous mon arbre, je me repose pour attendre un ami perdu qui, dans son pays du temps des loups, a des trous noirs dans ses ailes.
Je vis car je ne l’ai pas choisi. En enfant pas attendu, comme me disait ma mère, je grandis et je mène une vie, qui depuis m’a choisi. Ce qui est merveilleux, c’est que depuis je vis avec passion, car j’ai décidé de m’instruire, de franchir les obstacles pour passer les épreuves d’une vie ; il y a eu des jours fragiles et des jours sans où j’ai eu envie de tout abandonner, mais il y a une personne qui m’a toujours retenu : la littérature. Et avec tout ce qu’il me reste à découvrir, je me lève chaque jour las de ne rien savoir et de ne rien connaître. Mais j’ouvre mon cœur pour que puisse entrer le bonheur de vivre, et la joie d’habiter une ville avec tant et tant d’histoires me donnant une exaltation qui me chauffe à l’infini. Le passé nous frappe et c’est l’avenir qui saigne, mais la vie est ainsi.
Anonymode