L’image nationale de la France et du luxe fut le produit de la collaboration d’un roi visionnaire, d’artistes et d’artisans les plus brillants de tous les temps, d’hommes et de femmes qui furent des génies fondateurs dans des domaines aussi variés que la vinification, les accessoires de mode, la joaillerie, la décoration intérieure, la coiffure, et la codification des techniques culinaires.
Il y a eu également un second type de collaboration, celle que Louis XIV et une équipe de brillants créateurs, ceux-la mêmes dont les inventions allaient avec des technologies révolutionnaires de fabrication comme les miroirs pour la galerie des glaces de Versailles, à la conception de bottes totalement inédites. Séparément ces innovations, dans chaque domaine, peuvent sembler quelque peu modestes, mais prises dans son ensemble, elles constituent une nouvelle entité d’une puissance étonnante que nous voyons encore aujourd’hui, et qui va modifier le doux pays de France en profondeur.
Voici donc la fabuleuse histoire du luxe en France, la seule nation qui s’est distinguée en se définissant comme le pays où il faut se rendre pour acquérir et profiter de toutes les bonnes choses de la vie. Ainsi, sous l’impulsion de ce roi visionnaire, la France est devenue la patrie du raffinement de la mode et du bon goût.
Les Français se mirent à créer pour l’époque l’équivalent des sacs Vuitton, des foulards Hermès, des tailleurs Chanel, des verres Lalique et du champagne Dom Pérignon. Dans le monde entier, pour les grandes occasions, on sabre le champagne. Le diamant est la pierre précieuse, et par excellence, synonyme de richesse, de pouvoir et d’engagement amoureux. Les “Fashion Victims” sont prêtes à tout pour se procurer le dernier accessoire tendance à la cour du roi.
Louis XIV, charismatique, doté d’un sens très aigu du style se mit en tête de faire entrer la France dans la légende. Au début de son règne, la France n’était pas spécialement associée à l’élégance ou au luxe. À la fin de son règne, l’ensemble du monde occidental, reconnaissait les Français comme les arbitres incontestables en matière de style et de goût. Le pays s’était trouvé une mission économique : régner en maître sur les produits de luxe, appelés à l’époque des produits d’exception, vous comprenez maintenant le sobriquet du Seigneur des Arnault.
Cette extraordinaire vague de créativités, qui a déferlé sous l’autorité du Roi, a libéré des désirs qui nous semblent, à présent, fondamentaux. Sous l’impulsion donc du monarque et de Colbert, les Français se mirent à développer un savoir-faire qui créa une nouvelle corporation “les Maîtres d’Art”. Il est difficile d’imaginer une époque où les créateurs ne pouvaient pas diffuser leurs collections par les images. Et pourtant, en 1675, les premières couturières travaillaient dans une ville où la seule publicité, qu’elles pouvaient espérer pour leur dernière collection, était la silhouette des femmes qui apparaissaient à Paris au bal de la cour.
D’ailleurs, Louis XIV décrète que la mode doit faire de la publicité, car sans publicité elle ne saurait exister. Elle est un moyen de garantir qu’une marque soit reconnue à une échelle suffisamment grande pour justifier une industrie ajoute Colbert.
Dans le cas de la haute couture, l’adage, selon lequel une image vaut tous les mots du monde, est certainement vrai. Aucun journaliste ne sera jamais capable de décrire une tenue avec autant de précision que la plus simple photo et certainement pas les bimbos d’aujourd’hui. Alors, Louis XIV décide de faire des défilés de haute couture à Versailles. Les courtisanes et les courtisans ont l’obligation de se présenter au roi avec des tenues originales et créatives.
Enfin, rien n’est plus efficace en termes de vente que le mélange explosif du sexe et de la célébrité. Versailles devient ainsi le lupanar (traduction de l’italien: la chambre des louves) ou un endroit pour sexe, robes et musique.
Déjà, en France, en 1600, Henri IV avait fait habiller des poupées de manière à ce que sa fiancée, Marie de Médicis, soit au courant de la dernière mode lorsqu’elle arriverait à la cour. Au début des années 1670, la marquise de Sévigné envoyait des poupées à sa fille par peur que cette dernière, perdue au fond de la province à cause de son mariage, ne paraisse ridicule et elle s’assurait ainsi que sa fille puisse ressembler à une parisienne chic.
À la fin des années 1670, quand Doneau de Visé préparait des articles sur la nouvelle saison, les créateurs lui envoyaient des mannequins miniatures. Il était devenu le styliste préféré de Louis XIV. Nous n’avons donc vraiment rien inventé. Au XXe siècle, nous sommes le résultat d’un monde qui est inconnu pour la plupart des hommes et femmes qui travaillent dans ce métier. A part ,certainement Bernard Arnault, qui lui connait ce chemin, qu’il n’a pas suivi par hasard.
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