Béat, je regardais du trottoir les fleuves blancs, les montagnes mystiques, ainsi que le chaos que les chevaux provoquaient en galopant dans l’éblouissement de la forêt fantastique. Je contemplais, noyé d’extase, oubliant tout, lorsque tout à coup, la lune surgissait du fond du paysage comme par enchantement, un paysage des Milles et une nuits apparaissait.
Le yeux écarquillés, je ne savais pas, à cet instant, que les vitrines, qui me fascinaient, étaient l’oeuvre de Leïla Menchari, et le jour où je l’ai appris son nom a raisonné dans ma tête comme un voyage extraordinaire. J’étais là, petit garçon amené par ma mère pour venir voir un spectacle féérique, rue du Faubourg Saint- Honoré.
Après des années de collaboration, Hermès rend hommage à sa décoratrice en charge des vitrines et une exposition baptisée Hermès à « Tire-d’Aile » ou « Les mondes de Leïla Menchari » se tiendra au Grand Palais du 8 novembre au 3 décembre 2017.
Sténographiés par Nathalie Crinière – un nom prédestiné pour Hermès – le visiteur découvre ou redécouvre les univers extraordinaires et généreux de Leïla. Un maillot jaune, une peur bleue, une copie blanche et beaucoup de matière grise pour la reine des couleurs… La mémoire est comme un arc-en-ciel, mélancolie des sympathies semblable à un quai de gare tout bruissant de partances et de déchirements en lumière.
La jeune Leïla, en poussant la porte d’Hermès, ne pouvait pas imaginer qu’elle y finirait sa carrière. Diplômée des Beaux-Arts de Paris, après avoir étudié les arts plastiques à Tunis, Annie Beaumel la prend sous son aile et lui demande d’imaginer une calèche pour exposer à l’occasion du lancement du parfum « Calèche ». Jean-Louis Dumas, PDG d’Hermès, à l’époque, est rapidement séduit, lui aussi, mais les hommes de goût, comme Jean-Louis sont des hommes rares. Elle a depuis peu cédé sa place à Antoine Platteau, un nom aussi destiné pour un étalagiste chef décorateur.
A l’occasion de l’exposition, un ouvrage baptisé Leïla Menchari, « La Reine Mage », sera également publié en novembre 2017, en coédition avec Actes Sud, éditeur arlésien complice d’Hermès depuis plusieurs années et dont la présidente est la ministre de la culture actuelle. Mais, cela est une autre histoire.
Anonymode