C’est sur des ruines que Gucci installe sa couture, des ruines qui, au demeurant, devraient être romaines, mais, pour le cas de figure, elles seront milanaises ! Chacun pense qu’Alexandre Michel qui décrypte la mode comme un costume de scène, n’a pas plus de goût qu’un garçon coiffeur, mais il en a le look. Par contre, certainement pas le New Look.
Il n’est pas un esprit facile, mais entre la facilité pour pondre sans effort et sa fécondité laborieuse, voire quelquefois douloureuse, il y a un abîme d’incompréhension pour les esprits qui cogitent. C’est un homme à couture rare, et quand il a une idée, il la cuit et la recuit, non pas dans son jus, car il n’en a pas. C’est un esprit d’une sécheresse supérieurement sec, une compréhension de la mode en surface, avec ni sentiment, ni enthousiasme, ni idéal et ni profondeur, un talent physique comme celui du dessinateur à l’emporte-pièce, ou encore comme celui de l’enlumineur de cartes de géographie.
Tous les égouts sont dans la nature, et pour ces métiers et cette industrie, il faut somme toute, de temps à autre vidanger. Il découpe en empaquetant la couleur, il laisse aux yeux de l’esprit la sensation insupportable de deviner un message peu ou prou compréhensible. Que l’on me passe le mot, ce n’est finalement qu’un faiseur de bric-à-brac.
Cheveux longs, barbe hirsute, regard impassible : il se dégage d’Alessandro Michel aucun ‘Ho rare’ pourtant. Depuis sa nomination à la direction artistique de Gucci, le créateur italien de 42 ans déconcerte la planète mode. Illustre inconnu l’an dernier, cet ancien élève de l’Accademia di Costume e di Moda de Rome est aujourd’hui l’homme de la déconstruction de la marque. Il paraît que cela se vend ! J’en doute. Je suis assez méfiant, car ce créateur a toujours une longueur de recul. La baronne de Milano Grassi me dit à la fin du show : « A force de faire des concessions, on finit toujours par en avoir une à perpétuité ».
Anonymode