C’était le weekend du 11 novembre ; un départ express en dehors de Paris pour fuir la pollution et les embouteillages récurrents de la capitale. La décision fut prise d’aller au Château de Villiers-Le-Mahieu. Piscine, cours de tennis, parcours de golf et spa sont au programme. Nous sommes arrivés à Thoiry et on fait une escale dans l’excellent restaurant quatre étoiles “A table” d’Eric Léautey.
Après ce déjeuner gastronomique, nous arrivons à 15H00 précise pour faire la queue au desk comme les russes devant une boulangerie dans les années Staline. Il est toujours étonnant qu’un quatre étoiles veuillent se faire cinq, alors qu’en réalité la prestation des chambres est plus digne d’un deux étoiles… de mer déjà défraîchies. Meubles rayés, salle de bain où les joints sont noirs comme un tableau de “Soulage”, miroir de guingois, rideaux sales, câble tv inexistant ne laissant aucune vision du monde qui nous entoure. Mais, cela n’est pas le pire.
Avant de dîner au restaurant, nous sommes allés au Spa. Le seul endroit en France où on peut voir des baleines ou il faut mieux débrayer et s’envoyer le métro à six heures du soir. Deux grosses cétacés trempaient dans le Spa, mais, normal près de Thoiry, suis-je “bête !” Nous reprenons nos cliques et nos claquettes pour retourner à notre chambre et se préparer pour le dîner, car la consigne était stricte dîner à 19H30 précise.
Un escalier nous conduit à la salle de restaurant. Le meilleur moment de la soirée, c’est quand nous le montons. Nous arrivâmes dans un hall de gare, non tamisé, tapissé d’un curieux tissage de soie rouge plaqué aux murs plus digne d’un Luparnarde (traduisez la chambre des Louves), et façon couleur de la langue d’un irlandais ou breton après une soirée de beuverie trop intense.
En bon mouton anhistorique, je passerai sur l’amuse-bouche qui nous a bien fait rire : une crème de potiron à l’eau, suivi d’un saumon fumé en mini baguette agrémenté de quelques herbes fraîchement défraîchies, un duo avec un Saumon plus grave que L.A.X, atterrissage forcé sur le bord de la poubelle des mets non consommés assurés.
Ensuite, nous eûmes droit à des coquilles “St Couac”, super farineuses sorties toutes droites des moulins de Paris. Le seul rayon de gourmandise de la soirée fut le dessert réalisé par une jeune pâtissière talentueuse. Après avoir réglé notre dîner bien salé, le chef de salle nous hèle pour nous demander de payer la note que nous venions de régler pensant que nous partions comme des voleurs ! Quel manque de savoir-vivre et de savoir-luxe pour un hôtel de cette catégorie. Toutefois, ce n’est pas aux équipes que nous en voulions : il n’y a pas de mauvais employés, il n’y a que des mauvais patrons. Nous pourrions dire de la cuisine : le plus bel exemple de chiqué de cuisine, d’imitation, le triomphe en un mot de l’échec, l’apothéose du puffisme.
Le luxe nous l’avons eu, mais c’était un luxe de déception et finalement un weekend raté et prohibitif pour la prestation. On aurait dû se méfier quand on a vu le site internet, mais surtout de la copine anorexique et de surcroît myope comme une taupe qui nous l’a recommandé. Au demeurant, l’endroit est assez jolie mais il faut plutôt attendre le printemps pour planter sa tente sur le neuvième trou et regarder la vue sans toucher à la cuisine.
Anonymode