Autour de moi, tandis que la ville sommeille, ma lampe inspiratrice éclaire ma plume, je viens voir ses trésors qui transforment une vie en fantasmagorie. Sans bruit, sous le pavé humide du bitume, je marche sur des pierres comme sur un lac profond et calme de Suisse, et, comme une panthère, je glisse jusqu’à la rue de La Paix dans une lumière blanche similaire à la neige quand, en avril, elle tombe des étoiles sur le pavé parisien.
Je suis au treize de la rue. J’arrive devant ce temple pour contempler cette collection « Coloratura » que Cartier nous présente en avant-première. C’est une file d’attente de 300m de long qui m’accueille, et je m’y installe patiemment à côté d’une sino- japonaise, car ses yeux débridés, par une opération, la rendent plus Hybride que chinoise, mais, pour la circonstance, « de Sodium ». Mes lecteurs assidus apprécieront. La gourgandine, les yeux fixés sur son Instagram, ne parle pas, et, le plus étrange, c’est qu’elle regardait canal-luxe, ne sachant pas qu’elle avait le patron à ses côtés. Voilà bien les affres de la communication d’aujourd’hui, ai-je pensé !
Un client, un peu perdu, arrivant tout droit de sa province, demanda à un des chasseurs s’il devait faire la queue pour rentrer dans la boutique. Ce dernier lui dit que oui. J’ai interpellé ce jeune écervelé pour lui rappeler que le client était roi et que, ce monsieur, qui venait pour faire changer son bracelet de montre, pouvait sans encombre et sans prendre la file d’attente, rentrer dans la boutique. Le luxe est souvent une affaire de formation !
Bref, nous voilà enfin arrivés aux portes et celles-ci s’ouvrent comme un sésame sur le joaillier le plus prestigieux de la place. Je n’avais pas ma montre Santos 100, car l’ayant donné, pour son anniversaire, à mon fils qui avait fait l’objet d’un article précédemment sur le luxe et la transmission, j’ai cherché dans ma collection une montre appropriée pour la circonstance et ma très ancienne « Baume et Mercier » mécanique de plus de 60 ans en or extra plate ferait l’affaire pour le moment.
La nouvelle collection est au première étage, et je plonge dans le noir comme un spéléologue à la recherche de son diamant. Alors, un sentiment monte en moi. Une brillance de l’intérieur qui illumine de « milles yeux » les vitrines que je contemple, j’ai vu les étoiles se transformer en rangs de scintillement qui émoustillent les femmes autour de moi comme le ferait une statue Grec masculine qui leur aurait été présentée.
C’est un bracelet de perles de corail, ornées de 640 diamants qui attire mon attention. Le prix, bien sûr, n’est pas mentionné mais la qualité du travail est telle que je reste plus que de raison devant la vitrine me faisant rappeler à l’ordre par une chinoise qui attendait depuis seulement cinq secondes pour immortaliser son rêve sur son Samsung « made in Taiwan ». J’ai pensé que c’était bien le monde d’aujourd’hui, les Chinois qui nous poussent hors de nos boutiques, celles où nos parents venaient acheter leurs rivières de l’enchantement.
Une grande femme mince me dépassant d’une tête, à la sortie, m’a demandé mon avis sur la collection et j’ai eu le sentiment qu’elle me connaissait ! La belle me confondait avec mon frère jumeau qui travaille pour le groupe. Je lui donne ma carte et je la rassure sur le fait qu’elle n’a pas commis d’impair, et que mon article paraîtra dans quelques jours.
C’est une visite du mois de juillet, une visite dans les profondeurs du luxe, celui que l’on a plus l’habitude de voir, et, pour être sûr de bien m’imprégner de cet état de fait je suis passé devant la boutique Bulgari pour regarder attentivement ces horreurs de montres réalisées par le groupe LVMH pour ses clientes toujours plus incultes et toujours plus en carence de goût !
Une plongée au cœur d’un diamant au centre de Paris, 13 rue de la paix, une boutique qui est un diamant elle-même, un rêve éveillé à l’histoire du monde et de Paris, c’est un Must et il est, et sera toujours de Cartier, avec couleurs et surtout sans rature.
Anonymode