C’est un monument historique comme on en trouve en Dordogne. C’est une table qui n’est pas secrète mais discrète, loin de celles renommées de la région. Maryse est un lieu de mémoire. Elle représente la France d’autrefois, celle des campagnes qui comptent les heures bercées par les cloches de l’église du village. Une France qui travaille toujours plus sans pour autant gagner plus. Il est vrai que la Corrèze, n’est pas le « Zam baise », à moins que vous ne veniez avec votre bimbo Russe vous garantissant un 90E de « Glande Ma mère ». Chez Maryse, c’est le Flagship de l’estaminet, la Colette des bars-tabac mais qui est aussi l’épicerie du coin, le dépôt de pains, le point presse, relais colis, permis de pêche, syndicat d’initiative, et j’en passe… C’est surtout un lieu de convivialité et de vie autre que Facebook.
Située au carrefour de la D12, ici, la « fracture sociale » n’est qu’un vague thème de campagne d’un ancien Président, pourtant lui aussi, corrézien. Maryse, c’est du lien social en pelote tricotée au point mousse, une association qui devrait être reconnue d’utilité publique, et fille publique pour la russe qui m’accompagne.
Chez Maryse, c’est la plaque tournante de l’info, le dealer de scoops, l’IFOP de province, l’antenne locale de la rue des Saussaies. Ici, les RG, c’est vous et moi. Les pêcheurs à la mouche revenant d’une matinée passée mi-cuisses dans la Maronne ou encore ces agriculteurs qui, une fois le bétail mis au vert, viennent se récompenser avec un gros rouge délicat.
A l’heure des IPads et autres Iphones, on continue de faire le pigeon voyageur pour le plaisir de commander un bock de bière et de lire la Vie Corrézienne, où on y apprend les dernières nouvelles, en observant le nez au vent, le ballet de voitures qui descendent vers le soleil tandis que d’autres remontent en fin de journée de « rapide City ». Je parle bien-sûr des canoéistes épuisés, bronzage marcel et ampoules aux mains.
Un petit moment de France en bouteille, qui reste une institution à conseiller quand, avec votre voiture électrique, vous serez obligé de faire une étape, et ainsi de retrouver le vrai sens du voyage. Sur le chemin du retour, la bimbo dort harassé d’avoir écarté les cuistres de l’autoroute. Alors, j’appuie sur le champignon, qui n’est heureusement qu’au bout de mon pied, et file retrouver l’enfer parisien pavé de bonnes intentions.
Anonymode