ATELIER BOIVIN L’EFFET PAPILLON

Nourri par la soie, sur l’aile du zéphyr pour orner le cou des dandys parisiens, et s’envoler comme un souffle sous les voûtes éternelles de nos Dames de Paris, voici le papillon qui, avec son destin enchanté, retrouve enfin le ciel du chic et de la volupté. Une cravate bien nouée, disait Oscar Wilde, est le premier pas sérieux dans la vie. Cependant, quelle ironie quand vous savez que la cravate a été inventée par une femme.

Les générations, d’aujourd’hui, que l’on dit maudites, viennent de redécouvrir les vertus de cet accessoire qui faisait de l’homme du 17ème siècle le plus chic de tous les temps. Ainsi, Louise, Duchesse de La Vallière et maîtresse de Louis XIV, portait, au temps de sa splendeur, une cravate à large nœud flottant celui-là même qui revient en odeur de sainteté. L’idylle de cette Duchesse, relaté en détail par Alexandre Dumas, fera d’elle la mondaine la plus emblématique de France. Enfin, le style est de retour et celui-ci va avec la ré-émergence du nœud, celui qui rehausse la silhouette. La cravate ou le nœud papillon, qu’il soit Ascot ou autre, il reste un accessoire indispensable pour marquer sa différence dans un monde toujours plus uniforme.

Ses origines sont très anciennes. Il paraît que les soldats de la garde personnelle de l’Empereur Qin Shi Huangdi étaient «cravatés » d’un nœud en soie. Les légionnaires romains portent le focalium (du latin fauces, la « gorge »), sorte d’écharpe en soie autour du cou. Il devient l’attribut vestimentaire des régiments de hussards croates créé sous Louis XIII, et dont l’uniforme comprenait une écharpe blanche, et d’ailleurs, le mot cravate tire son origine de la déformation du mot « Croate ».

C’est un choc tellurique de venir dans l’atelier Boivin, car ceux-ci vous expriment l’excellence d’un produit haute couture de bonne facture mêlant tissus soyeux et luxueux avec l’idée que l’homme de goût est de retour. Un atelier qui donne la vision du masculin/féminin pour la prochaine double décennie. Courage et témérité ? Les deux certainement, mais c’est à ce prix que se gagnent les glorieuses batailles du chic. Tout bien pesé et en vertu du tournant de notre époque, il est sûr que cela plaise au Maître de Granville lui-même, posant ainsi sa bénédiction sur leur travail qualitatif en diable. Plus jeune et plus chic que cela, on meurt ! Et c’est bien là l’exception culturelle française qui s’exprime. La tradition dans la modernité, tradition, d’ailleurs, qui vient du latin « traditio » qui signifie « le fait de transmettre ». Cela ne peut pas s’inventer.

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