Elle s’appelait alors « rue de l’Enfer », nom probablement dû à sa proximité avec la « rue de Paradis ». C’est ici que nous arrivons pour la collection d’Eymeric François. Cette rue s’appelle dorénavant la « rue Bleue ». L’histoire raconte que son nom provient d’une manufacture de boules de cristal du même nom, fondée bien avant que Jacques Mouclier ait des bureaux non loin de là quand il présidait la Fédération de la Cristallerie. La rue de la chaleur et de la fureur de coudre est peut-être aussi celle des furies que propose Eymeric par ses mannequins, rêve d’un hétéro comme ces divinités romaines non soumises à Zeus qui tourmentaient les hommes pour les faire expier, un songe, en tous cas, pour moi…
Un flot interminable au pied de l’immeuble, je rencontre Xavier Chaumette, le noble prince et historien de la mode qui dans son infinie gentillesse m’adresse la parole en me faisant croire que l’instruit c’est moi alors que la culture toute entière du métier c’est lui. Comme une montagne tombant à jamais dans des mers sans nul rivage, il attend patiemment de voir la collection de ce talentueux couturier. Je prépare mes crayons car j’aspire aux cieux qui débordent des eaux calmes et glacées d’un verre de thé qui viendra me transformer en un Rimbaud, le même que certaines Bimbos, derrière moi, lisent « Rambo », le prince des poètes militaro-américains !
C’était comme une romance de robes qui se plaît à chanter le féminin, parmi des coiffures gonflées comme des barbes à papa, qui me rappellent le temps où le Seigneur des Arnault n’était pas encore propriétaire de la rivière enchantée. Robes de métal pour peau douce de soie rose « de Max pas vraiment Mad », une subtilité de la mode dans un appartement chaud comme de la braise, mais la chaleur n’y était pour rien, seuls les modèles présentés chauffaient les esprits de la création plus que de raison.
J’aime ce créateur et je n’en fais pas mystère, car il est beau aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur. Toujours avec soin, il coud comme il parle avec timidité, pour au final, briller de mille feux. Du sortilège à la rue bleue, de Dinan à la Fashion Week du pays de l’Empereur Stefan Dušan, la Masquerade pour un masque qui cache un subtil homme de talent et qui émule l’aile calme de ma plume par son esprit tout entier.
Anonymode