Cette exposition au Centre Pompidou est censée présenter les rapports entre la peinture de Francis Bacon et la littérature, ou plus précisément, certaines de ses lectures qui sont le degré zéro de sa littérature, « La bible ne fait pas le moine ». On peut comprendre qu’entre les pompes à bière de Kensington et son atelier, il « pinte » beaucoup de Pablo. Vous verrez une soixantaine de toiles du « mètre » et de courts passages de six livres provenant de sa bibliothèque, des rêves de littérature élevés au rang d’icônes sacrées, tombés sur une indécente de lit.
Les rapports entre textes et peintures, sujets riches, passionnants et difficiles, sont ponctués de quelques taches blanches représentant sa sexualité à l’image de Michel Houellebecq, ou D Grumler dans leurs œuvres respectives.
J’aurais aimé avoir un éclairage sur Bacon l’anti-Manet, réconciliant la peinture avec la littérature, alors que Manet avait, le premier conçu une peinture libérée du livre. Ces corps ramassés à l’extrême, tordus et écrabouillés, musculeux, disloqués, ravagés, ces distorsions crispées, ces contractures paroxystiques, sont d’abord signes de fulgurances, mais nerveuses, et d’un emportement furieux, presque athlétique, il tombe dans le somatique, psychologique de la mystérieuse animalité d’anthropoïde solitaire et désolée qui est en chaque homme.
J’aurai voulu que l’on m’explique l’étrange ressemblance entre les tableaux de Francisco Goya de la série de la « Casa del Sordo » mais aussi son incommensurable déficit à ne pas pouvoir réaliser une perspective par manque de connaissance de celle-ci. Et toujours les portes noires à l’arrière plan comme la mort qui rode et qui vient toujours nous rappeler que la chair humaine est faible mais surtout mortelle.
Ces lignes droites et ces fonds pastels, de couleurs de plus en plus vives au fur à mesure des années montre un Bacon qui peint le fond de la toile à jeun, et qui une fois de retour du pub peint ses personnages dans une fantasmagorie de rêves libidineux. Pour finir, la corrida, une de ses passions favorites qui est de voir le taureau se faire embrocher et pour sans doute qu’on lui offre les oreilles et surtout la queue.
À vous de vous débrouiller pour comprendre, et le peintre a dans la salle ses aficionados et ses détracteurs. Il ne laisse pas indifférent et c’est la chose la plus importante pour un artiste. On aime ou on aime pas mais on respecte l’artiste et j’arrête là de « baconer ».
Anonymode.