VIRTUAL FASHION BORN TO BE ALIVE

Au cours des deux dernières semaines, nous avons assisté à une série de présentations virtuelles, d’événements en ligne différents et variés. On ne peut pas accuser les maisons de luxe de manquer d’inventivités, et on apprécie vraiment la rapidité avec laquelle tout a été mis en ligne, même pour la grande Muette, qui est habituée au virtuel, était, pour une fois, dans son élément. Toutefois, il semble que ce système soit plus adapté aux petites maisons, car leur flexibilité est meilleure et les moyens vidéos ou live broadcast sont toujours plus légers, alors que les grandes marques doivent toujours déplacer plusieurs camions pour réaliser un film et une kyrielle d’assistants sous-payés qui font de ce secteur les meilleurs « Thénardier » de la mode, ce qui ne les rend pas moins « Misérables ».

De Loewe à Prada en passant pas Dior, les solutions créatives ont été passionnantes à regarder mais souvent hors-sujet. Mais, cette nouvelle réalité soulève la question : combien de ces nouveaux formats se perdent dans l’océan des contenus du « web-fashion ». Faut-il orchestrer ce flux ininterrompu pour que ce nouveau format se démarque et offre, enfin, à sa clientèle un fil d’Ariane cohérent où le prêt-à-porter mélangé avec la couture ne sera pas finalement mixé et où le message de cette exception culturelle de la France peut enfin ressortir dans une Europe Fashion où plus aucune règle ne règne.

Le système de collection printemps-été/automne-hiver est maintenant obsolète lorsqu’un public mondial est habitué à un flux d’informations constant, mais aussi avec le réchauffement climatique. Le grand défi, à terme, consiste à pouvoir lire les données et ces vidéos numériques et les interactions qu’elles génèrent, pour les utiliser à une compréhension plus globale d’expériences produits. Après tout, les nouvelles générations de consommateurs sont très attentifs à certains aspects du consumérisme que la pandémie a accentué. L’avenir est aux matheux et aux « data scientist analyses ».

Certaines marques ont allumé un appareil photo pour faire un défilé de leurs nouvelles créations, d’autres ont opté pour des défilés physiques ; en partie en ligne comme le vieux modèle mais avec un public restreint. Quant à Franck Sorbier, il a choisi de faire un teaser de la collection et de faire une présentation physique en septembre, car finalement pour voir les détails de son travail, il faut du temps.

Le format numérique doit produire une surprise qui élève les marques à un niveau supérieur. Or, jusqu’à présent, nous n’avons pas vu cela ! Repenser le modèle numérique pour un défilé de mode est à ce jour imparfait, car il est détaché de la réalité commerciale de ce que font les marques aujourd’hui. Une vision commune est loin d’être atteinte, mais personne n’a une autorité assez forte pour regrouper autour de soi l’ensemble de la profession. Ce n’est pas les défilés de mode qui doivent être régénérés, mais l’ensemble du système. Ce n’est effectivement pas avec des fonctionnaires que nous pourrons changer le modèle, il faudra des gens ambitieux, avec une vision pour l’avenir, et là, malheureusement, c’est le vide plus sidérant que sidéral !

Aussi, la semaine de la mode sans les bousculades de l’entrée, l’excitation de l’attente, les embouteillages parisiens et le rituel des bimbos qui se pâment devant les photographes, nous manque et cela n’est, en effet, pas la même chose. Peut-être que le nouveau modèle de la semaine de la mode digitale doit prendre en considération le fait que ces événements sont destinés à un public sélectionné mais diffusés à une audience mondiale. Ce devrait être le principe qui régit les activités numériques. Aussi, si vous voulez des idées, n’hésitez pas à me téléphoner.

Anonymode