On aurait pu dire bien des choses en somme. A toutes ces phrases des égéries de la télé-réalité, « Il y a pas photo » ; terme de turfiste que l’on aurait pu transformer en bon français : « il n’y a aucun doute ». « Je vais te mettre la misère ! » dit-elle encore. De nouveau, utilisez la phrase de Balzac : « je vais faire rendre gorge à ces barbares contrefacteurs de style ». Voici donc des barbarismes que personne ne comprend. Ainsi les Grecs appelaient barbares toutes les nations qui ne parlaient pas leur langue ou, du moins, qui ne la parlaient pas aussi bien qu’eux ; sans excepter les Égyptiens, auxquels ils étaient redevables d’une partie de leurs sciences et de leurs arts.
Le Solécisme, qui se dit en latin solecismus, est tiré du grec pour désigner l’habitant de la ville de Soles, parce que, dans cette ville, fondée en Phrydie par Solon, qui y transplanta une colonie d’Athéniens, la pureté de la langue grecque, s’étant altérée avec le temps, fit place aux locutions vicieuses. Le solécisme consiste donc dans un vice de construction ou dans une faute contre la grammaire. « Il est prêt de vous écouter et je m’en rappelle » sont des solécismes, parce que l’on doit dire : « il est prêt à vous écouter et je me le rappelle ».
Voilà aujourd’hui la langue française appauvrie jour après jour par ces bitumeuses de parkings d’autoroutes bulgares qui usent et abusent à la fois de leur corps mais qui, surtout, torturent au passage la langue française à foison, pour la faire passer dans un trou de souris.
Mois après mois, nous écoutons ces expressions qui sont détournées pour finalement les faire rentrer dans la tête des générations qui suivent par dose homéopathique. Déjà à mon époque, nos parents nous reprochaient de torturer la langue de Voltaire ! Et, bizarrement, nous voyons réapparaître dans la bouche de jeunes de banlieue le mot « Daron » qui signifie depuis 1680 » le maître de maison » puis en 1725 « le père ». Il revient en odeur de sainteté dans les banlieues de St-Denis, et les utilisateurs pensent à tord qu’ils ont inventé un mot ! un comble !
La langue française est ainsi faite. Elle vit et bouge avec les générations, mais, au final, elle restera toujours la langue diplomatique et la plus belle langue du monde. Voltaire disait sur celle–ci : « On parle le Français toujours mal quand on a rien à dire, et pour les jeunes générations, ils le parlent encore plus mal que leurs parents ». Un cri répété par mille sentinelles, car le langage est vraiment le meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité, un ardent sanglot qui roule d’âge en âge, et, qui, au contraire, de l’écho se propage sans réfléchir.
Anonymode.