ATTACHÉES DE PRESQUE

La Fashion Week de Paris regorge d’attachées de presque, vieillissantes qui s’accrochent désespérément à leur métier. Une multitude de douairières cosmopolites qui gravitent autour des maisons de couture et de joailleries. Ex-rédactrices en chef de grands magazines débarquées, depuis plus de 15 ans au moins, elles écrivent, avec une plume de marbre mais surtout de pierre, des textes pris dans le ruisseau, là où se tient usuellement la vulgarité dont elles jurent : « Oh Grand Dieu ! » ne pas en faire partie.

Le monde de la mode n’avance pas car il est vieillissant. Entre copines et copains de plumes « Sergent Major », on sort souvent de la lecture de leurs articles comme les cochons sortent d’un bourbier. Les convictions de ces brillants journaleux tombent au premier cocktail ou à leur première invitation trois étoiles, et cela le Seigneur des Arnault l’a bien compris. Pour les remplacer, viennent les plus jeunes filles de l’Est, demi mondaines, qui jugent les couleurs en aveugle, et la musique en sourde, sorte de métaphoriseuses de mots ampoulés en écrivant par la bouche des autres, des Attila de l’éloquence et des intellectuelles inactives, rayonnant parfois de la perspicacité d’un bon mot entendu deçà delà.

On les appelle les femmes fractales, celles qui connaissent la science de briser les lettres en une infinité de morceaux, de telle façon qu’aucune d’entre elles ne puisse un jour être recollée. Malheureusement, comme les vieilles actrices sans talent qui ont du mal à quitter la scène, elles résistent au vent de la critique pour un jour vouloir elles aussi devenir stars, si par chance un aveugle ou un imbécile qui aurait bu plus que de raison les remarques pour une Chronique de bas étages.

Impossible de les reconnaître car saison après saison, leur métamorphose est effrayante de vulgarité, et après avoir utilisé le « Beau Tox » et le même chirurgien qui crée des sœurs jumelles en bon stakhanoviste, comme si il n’avait qu’un seul patron couture pour les façonner. Les plus âgés, elles, regardent ces jeunes comme déjà des dinosaures sortant d’un zoo, car la génération d’après commence dès 15 ans à poster sur Instagram leurs turpitudes cherchant déjà leur Sugar dandy, et étalant leur vie au grand jour, ainsi que leur premier émoi émoi émoi.

Anonymode.