Voilà une histoire sans concession, juste la réalité des faits d’un monde toujours plus sans connaissance malgré un semblant d’éducation qui vient donner un vernis loin s’en faut suffisant. J’étais dans une société à la sortie d’une réunion d’embauche et je vis un petit groupe affairé autour d’un homme d’une soixantaine d’année en costume Lanvin, veste croisée, chaussures Lobbs impeccablement cirées, les yeux hagards et visiblement épuisé.
Sur le moment, je n’ai pas prêté attention car les jeunes, qui l’entouraient, ne semblaient pas véritablement inquiets, et l’un d’eux lui apportant un verre d’eau, fit cette plaisanterie qui maintenant me paraît de mauvais goût : « un peu d’eau de la reine Margot, en ajoutant, les bons comptoirs font les bons amis ». Le lendemain, je revins m’inquiéter de la santé de ce Monsieur si distingué, avocat de son état, et j’ai appris avec stupeur son décès.
Cette nuit, j’ai mal dormis car, ayant mon brevet de secourisme, et n’ayant pas prêté attention à autrui, j’aurai pu mettre cet homme en position latérale de sécurité (PLS) en attendant les urgentistes qui sont actuellement débordés. Mais, la morale de cette histoire ne m’incombe pas, elle incombe à ces jeunes, les mêmes qui ont un avis sur tout et surtout un avis ! Ils n’ont pas eu les réflexes ou la connaissance d’un acte de secours basic qui aurait pu, peut-être lui sauver la vie ou du moins la prolonger jusqu’à l’arrivée au CHU. Il est mort seul dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital.
Ils sont bien à l’image de notre société agoraphobe, des prédestinés ridicules, bêtes puantes qui se parfument pour oublier leur propre odeur, âne de style, qui ne sont jamais là pour les autres mais qui sont là pour eux-mêmes. Un mort par ignorance et nous découvrons la société que nous construisons et dans laquelle nos enfants vont vivre : celle de l’individualisme alors que nous pensions que nous vivions dans une société solidaire.
Anonymode