Au Japon, il est d’usage de se couvrir la bouche et le nez avec un masque lorsqu’on attrape froid. Cette pratique se serait répandue suite à la « grippe espagnole » de 1918. Mais, chez Eymeric, le masque signifie la négation du visage pour mieux se concentrer sur la couture par opposition à Karl qui illumine la Tour Eiffel pour que l’on oublie sa couture.
C’est pour cela que la jeunesse ne craint rien et nous donne son travail en pâture non pas pour se faire détruire mais, bien au contraire, pour pouvoir progresser la fois suivante. Les remarques, Eymeric François les reçoient. Cette année, il nous donne une couture maîtrisée à la fois sur la scénographie mais aussi sur les techniques c’est ce que l’on appelle la couture avec un grand « C ».
C’était jeudi, en off de la fashion week alors que les nombrilistes des institutions sont déjà parties en vacances, sans doute trop fatigués d’attendre leur limousine bloquée dans les embouteillages créés par leur propre réseau, nous, nous étions sur le pont pour, comme d’habitude, vous faire découvrir les nouveaux talents.
Je vis la Baronne Anne de Champagne et Gnôle arriver, une fois n’est pas coutume, en avance. Une organisation impeccable, comme d’habitude, avec Béa qui a l’intelligence de placer d’abord les premiers rangs pour être sûre que les gens mal éduqués ne viennent s’y asseoir avant nous. La Grande Duchesse Marek-shech, en mode première, était assise à côté de Magloire qui n’en n’ait plus une, en grande conversation avec eux-mêmes.
Un grand garçon moitié fille, chapeau haut de forme et bas résille, assis en face de moi me fit un clin d’oeil et un petit bisou de la main. Je n’ai pas compris si cela m’était destiné mais, en me retournant, je ne vis personne d’autre que moi ! Et puis, tous les autres que l’on rencontre au cours de la Fashion Week comme Frédéric, Stéphano,… et j’en passe, les fidèles de la semaine de la mode et qui, par leur travail de fourmis, participent activement au succès de tous les créateurs sans exception.
Un chanteur aux yeux noirs et un pianiste avec une touche blanche commencent un long chant comme une complainte sans fin. Les modèles s’enchaînent et l’assistance, dans un silence religieux, regarde le spectacle comme on entre en religion. Impressionnant, étrange et beau, ce sont les mots qui me viennent à l’esprit. Mais, comme il est difficile d’expliquer le beau car la beauté se raconte encore moins que le bonheur.
Eymeric n’a jamais habillé comme cela cet hiver ! Un petit moment pour l’éternité de la Haute Couture Française. Bien sûr, certains me diront : mais qui est ce Eymeric ? (En pensant Lagerfeld et Consorts), je répondrai : il fait partie de ces gens que je respecte car ils se concentrent d’abord sur leur travail plutôt que de « florentiner ». Ils travaillent pour l’exception et l’expression culturelle à la française.
Bravo à vous Eymeric François. Toute l’équipe a adoré votre collection. C’est un bon présage au demeurant car vous ferez la couverture de « theinflencer.info ». La beauté, voilà un vrai mystère, bien plus intéressant que celui de l’âme, n’est-ce pas ?