LES QUADRAJEUNAIRES DE MODE

Ils ont souvent une casquette avec la visière sur le cou, un T-shirt fluo, un short et surtout une planche de skate extra-longue, comme le prolongement de leur pénis virtuel, muni d’un petit moteur ce transporteur leur permettent de débouler sur les trottoirs de la capitale parisienne à plus de 20 km/h.

Je les appelle les « Quadra-Jeunaires » ; de grands enfants trop penchés pour ne rien voir, excepté leur nombril. D’ailleurs, ils ne veulent pas d’enfant ; c’est sale, ça fait du bruit et cela empêche de voyager. Résolument indépendants bien léchés, ils sont surtout bien lâchés et se sont libérés de toutes les contraintes que constituent nos règles de vie en société. Leur travail est choisi à une besogne subie, c’est leur leitmotiv de vie.

Leur vie sexuelle se résume aux vidéos sur internet car ils n’entendent rien aux femmes et préfèrent la veuve poignet à une sexualité trop compliquée. Ils ont plus de 40 ans et collectionnent les Nike, Jordan, et les seuls « books » qu’ils portent sont des Reebok. Ils se foutent complètement des montres de luxe, leur Apple watch reste le dernier lien qu’ils ont avec cette terre, mais surtout avec leurs amies virtuelles. Les relations avec leurs grands enfants, qu’ils ont, quelquefois eu d’un premier mariage raté, se résument à fréquenter les mêmes boîtes de nuit ou les bars sur les quais de Seine au pied du musée d’Orsay.

Leur chien, un chihuahua, qu’ils donnent en garde à des hôtels pour chiens quand ils partent en voyage, chihuahua qu’ils n’hésitent pas à laisser au bord de l’autoroute du nord, pour leurs longues vacances d’été en Birmanie.

Ils entretiennent leur corps comme des décathloniens. Leurs loisirs sont les jeux vidéos et les voyages improvisés : pas de vacances programmées. Bien sûr, ce constat de juvénilité décontractée concerne plutôt les cadres bobos que les travailleurs de chantier mais la société doit évoluer et réaliser qu’à 40 ans aujourd’hui, on est moins vieux et moins mature qu’il y a encore quinze ans.

La transgression franchit des limites et ne cesse de recommencer à franchir une ligne qui derrière elle aussitôt se referme, en une vague de peu de mémoire, reculant ainsi à nouveau l’horizon du franchissable.

Anonymode