MABILLE ENIVRE NOTRE MÉMOIRE

Voici l’heure où le pré et les arbres soupirent leurs odeurs, ce jour, dans la salle pleyel, où se joue un instant de musique couture. Je passe de la lumière obscure, où l’ombre se recueille dans l’antre de la Fashion Week de Paris, au soir, à l’heure où se couchent les journaleux pressés de vite rentrer chez eux. Seuls restent les passionnés. Nous arrivons paisible dans la maison de la musique où respirent les âmes fleurissantes des artistes d’antan. On boit les vapeurs de Paris lassé des feux du jour qui s’apaisent et se détendent. Peu à peu la maison de couture entrouvre ses fenêtres : ce soir, la collection est parfumée d’une excitation peu commune et pénètre, dans la salle, un nuage de nature, comme une abeille lourde de miel et d’odeur, où tout l’été luisant commence à sommeiller.

Et comme, à chaque fois, devant la collection d’Alexis Mabille, penché sur ma chaise, seulement au deuxième rang, mon cœur s’emplit du soleil de la paix, de rêve et de fraîcheur. Ivresse de l’épuisement et de la course effrénée de la Fashion Week de Paris, comme un vertige sur mes lèvres, le vent du plaisir visuel vient me fouetter le visage. Peu importe comment Alexis Mabille aime concevoir ses vêtements, il repositionne son prêt-à-porter dans une enivrante collection florale à la Sorbier, mais qui, lui, en voudrait de nous donner un spectacle si frais, de cette Fashion Week si pauvre ! L’enrichir ne nous fera que du bien.

Anonymode