SI FRANCK SORBIER M’ÉTAIT CONTÉ

Cette extraordinaire vague de créativité, qui a déferlé sur la France sous l’autorité de Louis XIV, a libéré des désirs qui ont créé les fondations du luxe à la française. À travers son histoire, le roi et la France vont vivre un moment clé entre 1660 et 1715. On comprend mieux comment et pourquoi le pays acquiert le statut de première capitale de la sophistication et de l’art de vivre dans le monde.

L’image nationale de la France fut le produit de la collaboration d’un roi visionnaire, d’artistes et d’artisans les plus brillants de tous les temps, d’hommes et de femmes qui furent des génies fondateurs dans des domaines aussi variés que la vinification, les accessoires de mode, la joaillerie, la décoration intérieure, la codification des techniques culinaires, la coiffure…

Il y a eu également un second type de collaboration, celle que Louis XIV et une équipe de brillants créateurs, ceux-là mêmes dont les inventions allaient d’une technologie révolutionnaire de fabrication de miroirs pour la galerie des glaces du palais de Versailles à la conception de bottes totalement inédites aux fontaines dans les jardins de Le Nôtre.

Séparément les innovations, dans chaque domaine, peuvent sembler modestes, mais prises ensemble, elles constituent une nouvelle entité d’une puissance étonnante : Paris, grâce à Louis XIV, et la France étaient devenus la patrie du raffinement, de la mode et du bon goût. On appelle cette période “Le Grand Siècle”. Sous l’impulsion du monarque, les Français se mirent à développer un savoir-faire qui crée une nouvelle corporation “les Maîtres d’Art”, dont Franck Sorbier est jusqu’à ce jour le seul couturier a en être honoré.

On produit l’équivalent pour l’époque des verres Lalique et du champagne Dom Pérignon. C’est pour cela qu’en réponse à Monsieur Steve Jobs, qui demande à Monsieur Arnault si ses produits seront là dans 100 ans, le Seigneur des Arnault lui répondit, “moi je vends un peu d’histoire de la France, vous, vous ne vendez que des technologies de l’instant”.

Il est difficile d’imaginer une époque où les créateurs ne puissent pas diffuser leurs collections par les images. Alors, Louis XIV décide de faire des défilés de Haute Couture à Versailles. Les courtisanes et les courtisans ont l’obligation de se présenter au roi avec des tenues originales et créatives. Ce sont les « fashion shows » d’aujourd’hui et les courtisans et les courtisanes y sont légion. Enfin, rien n’est plus efficace en matière de vente que le mélange explosif du sexe et de la célébrité. Versailles devient donc ainsi le lupanar (traduction de l’italien: la chambre des louves) ou un endroit pour sexe, robes et musique. Le syndrome Kardashian et Grumler réuni dans un cocktail, raconté par Thierry Ardisson.

La mode a donc été l’oeuvre d’un créateur hors paire, car seuls les créateurs s’adaptent au marché qui leur est présenté, les autres ne sont que des stylistes. Merci à Franck Sorbier de continuer l’oeuvre de Louis XIV, en participant à la renommée de la France. D’ailleurs, quand vous ne serez plus là, la France aura mis plusieurs siècles à détruire cette vision séculaire de ce roi visionnaire. Si vous faites disparaître Franck Sorbier ! C’est comme si vous rayez de la carte un peintre comme Picasso ou Vermeer. Alors réfléchissez-y !

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