FEMME DE MÉNAGE HAUTE COUTURE

Parfois, un créateur peut en cacher un autre ! C’est dans les ateliers d’une maison de couture là où, la nuit, certaines techniciennes de surface officient comme des ombres contre-appui de la lumière. Une d’entre elles, fascinée par la Haute Couture, vient inlassablement réaliser sa tâche pour un salaire de misère au milieu des robes des clientes les plus riches de la planète. Elle vient de sa banlieue lointaine pour atteindre le très chic quartier qui voit déambuler le jour les femmes les plus chics du monde.

Cette petite main du ménage, cette inconnue, est en admiration devant ces soies et ces tissus étalés sur les tables de travail. Sa passion, la couture, elle en rêve chaque nuit. Un soir, là où la nuit se fait plus profonde et plus noire que jamais, un rouleau d’organza laissé sur une table par erreur et quelques dessins du créateur de la maison, elle sentit monter en elle l’irrépressible envie de créer. Laissant son balai, elle dessine une robe en deux coups de crayon, et commence à couper et a la mouler sur le Stockman. Après trois heures de travail, elle repart vert sa banlieue morose. Elle vit ce petit moment de grâce comme une bouffée d’air frais à sa triste vie.

Chaque soir, elle revient et, chaque soir, elle fignole sa robe jusqu’en janvier. La maison, ayant pensé que le créateur venait la nuit pour créer la laisse sur le portant. Chaque jour, elle prenait forme jusqu’au jour où la petite banlieusarde s’aperçut que la robe avait disparue… Cette dernière a été emportée par les couturières sur le lieu de la présentation. Devant la presse internationale, a son passage celle-ci provoqua un effet sur les journalistes comme le son du cor dans une rame de métro. Le créateur, qui ne reconnut pas son oeuvre, ne dit mot, mais se demanda quand même, qui avait créé ce chef d’oeuvre.

La maison n’a jamais su qui était l’auteur de cette robe qui relança la carrière du créateur et, celui-ci avait finit par penser qu’au prise avec ses addictions de poussière d’ange, il aurait pu réaliser ce miracle de couture hors de son corps. On dit dans la profession que cette technicienne de surface serait maintenant technicienne de couture, mais personne ne sait dans quelle maison, car cette information est classée secret des sens. En tous cas, moi  « j’adior » cette histoire !

Anonymode