VIRGILE L’ILIADE ET LE TISSÉ

Virgil Abloh est d’abord un génie, mais un génie civil par son diplôme passé à l’Université du Wisconsin. Comme Raf Simons, il étudie aussi l’architecture à l’Illinois « Institute of Technology », sachant probablement que le Seigneur des Arnault aime les architectes. Mais, son éducation a commencé bien avant par sa culture Hip Hop qui va façonner les 10 ou 15 première années de sa vie d’homme.

Son approche consiste davantage à combiner ce type d’enseignement supérieur d’ingénierie a un domaine figuratif comme l’architecture. Un tiers de son éducation est de comprendre le monde de la culture d’abord, comme une boîte de pandore, j’ai choisi la mode parce que je croyais que c’était une industrie qui reliait toutes ces disciplines et certainement aussi par intuition.

Le monde de la mode évolue et son industrie, à mon sens, a été prise au dépourvu en pensant que les tendances et les indicateurs existants n’avaient aucune variable d’ajustement. En réalité, c’était tout le contraire. Ma question majeure était comment rentrer dans cette profession pour la faire évoluer. Au même titre que la tectonique des plaques qui doivent se déplacer pour pouvoir s’organiser autour d’un nouveau mouvement. Le streetwear était ma façon de pouvoir rentrer dans ce milieu si fermé, mais ma cible était la Haute Couture  car le  streetwear est à terme un piège pour les industries du luxe et de la mode. Aux Etats-Unis, on aime les produits Français parce qu’ils sont d’exception, et que personne ne peut les réaliser chez nous, le jour où LVMH aura des usines aux Etats-Unis les produits ne se vendront plus comme avant.

Ce streetwear est un ingrédient que vous saupoudrez sur n’importe quoi, mais cela signifie concrètement des vêtements que les gens portent dans la rue. La mode a commencé  par des robes portées par une élite, et  fabriquées par des ouvrières d’élite, pour des client(es) qui ne sont plus l’élite.

Yves Saint Laurent et d’autres ont basculé dans le domaine du prêt-à-porter à un moment choisi. C’étaient des vêtements liés à un moment où la tectonique des plaques bouge mais sans tsunami. À mon avis, ce ne sont pas les marques qui donnent la tendance, mais c’est la rue. Le mot clé est la pertinence du vêtement par rapport au marché.

Si quelque chose est pertinent dans la rue vous le voyez immédiatement : à l’image des sacs Speedy avec une dragonne OFF White que j’ai vu dans Paris porté par une femme élégante au Châtelet. Elle avait anticipé ma venue dans le groupe LVMH. Donc, lorsque la marque communique sur des choses pertinentes, souvent, la cliente l’a anticipé, et cela m’étonne toujours.

Anonymode