CHANEL LE ROUGE ET LE NOIR

Rouge pour le sang versé et noir pour la pollution de la planète. Bienvenue dans la monde merveilleux de la parfumerie. Le parfum de tous les parfums, présenté sous sa forme la plus rare. Un « Extrait », qui dit-on est l’expression de la Haute Parfumerie, sublimé par un flacon monumental, qui, le temps d’une édition imitée, se pare de la couleur favorite de Gabrielle Chanel : le rouge.

Le flacon, tout en cristal de chez Baccarat, taillé comme un diamant, est traité selon un savoir-faire unique : le rouge à l’or. Une technique incomparable obtenue par la fusion progressive du cristal clair et de la poudre d’or 24 carats à une température exacte de 540 degrés, nous dit le service marketing. Bien évidemment, vous aurez compris que ce rouge n’est certainement pas à l’or, compte-tenu du prix prohibitif de l’once. Beaucoup moins glamour, ce rouge obtenu au cadmium sélénium ou au cuivre fera largement l’affaire pour une cliente encéphalogramme plat.

Un N°5 qui se dit floral à souhait et quintessence de néroli de Grasse mais surtout chargé de jasmin venant directement des usines chimiques de Givaudan ou de Firmenich. Là encore une fois, la cliente tétraplégique de la pensée n’y entend rien et pense que l’on peut produire plusieurs milliards d’hectolitres de parfum avec des champs de fleurs à perte de vue. Or, pour produire seulement 10 000 flacons, il faudrait 50 tonnes de jasmin qu’aujourd’hui personne ne peut manufacturer. L’histoire de ce parfum est une saga politico-familiale d’avant-guerre entre Gabrielle,  Félix Amiot et les Wertheimer.

Un parfum de scandale qui fait de cet incontournable flacon le plus connu du monde. Le luxe est ainsi. Il y a toujours autour de ces marques une part occulte qui attire comme un aimant les imbéciles, et qui croient que la lumière « luce » vient de ces produits alors que ce qui attire c’est la part d’ombre qu’elles renferment

Anonymode