ADELINE ZILIOX PARIS 2019

J’avais repéré cette petite strasbourgeoise, dans un showroom à la Madeleine. Les voyages forment la jeunesse et inspirent les créateurs, mais c’est le poncif le plus éculé des dossiers de presse. Heureusement, le voyage de cette créatrice était dans sa tête; une amazone stéréotype féminin puisant son inspiration dans la mythologie grecque en nous remémorant la Montana-mia d’autrefois. C’est un sentiment de fraîcheur dans cette Fashion Week si bourgeoise, à souhait, où les stars Canadiennes laissent une larme entendue pour un show de son Valentin. Cependant, cette jeune fille ne manqua pas de « Spiritus » pour son défilé dont la fraîcheur n’avait rien à voir avec la météo du jour dans les rues de Paname.

Un instant furtif entre la création et la mémoire est un jeu de technicité entièrement accompli, pour cette nouvelle entrante dans la Fashion Week de Paris. Pas d’embourgeoisement dans cette présentation de cette jeunesse urbaine endimanchée comme si elles avaient été déguisées en lieu et place de la rue où les centraliens siègent habituellement, un signe peut-être.

Une chinoise, assise à mes côtés, a passé son temps à se filmer pendant la collection à tel point que j’ai fini par lui dire que le spectacle était devant elle et non derrière. Celle-ci, les yeux écarquillés, me répondit, comme on prête l’oreille à un sourd, mais sans mieux m’entendre et d’un sourire en-dessous qui me fit comprendre qu’elle ne parlait pas anglais, peut-être aucune langue, d’ailleurs, à l’exception de la « Iphono-selfie ».

Les jeux de transparence entre le noir et la peau satinée des mannequins donnent une impression de nature contenue par une ceinture qui contraint une taille toujours plus fine. Elle joue de sa palette de lumière du noir au couleur peau sur des rayures invisibles de la gamme chromatique du divin, une carapace de coton qui rassure. Il flotte aussi cette odeur douce d’un parfum si convoité d’Isadora Duncan, c’est la fragrance de la féminité à son apogée, celle retrouvée d’autrefois avec la structure de la jeunesse.

Anonymode