MÉTIERS D’ART MARCHÉ POUR L’EMPIRE

On n’est jamais trahi que par les chiens. « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Quarante six ans après cette phrase, qui a fait le tour du monde, nous nous demandons encore si nos idées suffiront à nous sortir de la « crise Covid-19 ». Les étrangers, eux, en ont saisi l’intérêt ! Ils ont fait de la France leur réserve à idées, leur supermarché pour industriels en panne d’inspiration. Mais, c’est nous qui leur avons pourtant offert notre savoir-faire sur un plateau en implantant à l’étranger des filiales ainsi que de prestigieuses écoles, sans doute plus par orgueil que pour des raisons économiques, distillant ainsi notre «French touch» à des étudiants avides de copier le savoir-faire Français.

Ces étrangers veulent maintenant croquer l’idée à la source ! Il est plus facile et plus rapide d’aller à la pêche à la nouveauté en envoyant leurs enfants pour envahir les écoles parisiennes, et ainsi, infiltrer le marché de l’industrie du textile, de l’aéronautique de la cristallerie et tant d’autres… La toute nouvelle cité de la Mode les accueille à bras ouverts au nom de l’échange culturel. Merci à « Pierre St Laurent » ; vingt fois sur le métier, remettez votre outrage.

Présents, partout dans les salons professionnels, ils chinent les idées jusque dans les friperies du Marais à la recherche d’articles «vintage» à recopier. Les plus repérables d’entre eux sont ces jeunes femmes de l’Empire du milieu qui chassent des vieux manteaux de fourrure achetés pour pas chers dans des « Kilos Shop » qui foisonnent dans le Marais. Elles arpentent les boutiques solidaires chez Emmaüs, lunette Chanel sur le nez et sac Vuitton à la main, pour trouver tout ce que leur pays n’a jamais connu cause de cinquante ans de retard. Merci à Mao qui était plus préoccupé de leur donner à manger que de leur procurer des lunettes Chanel.

Pour comprendre vraiment l’ampleur du phénomène, il suffit d’une visite chez les grossistes « Haute Couture » qui déroulent le tapis rouge à ces clients à peine majeurs. De «bons clients qu’ils préfèrent aux Français parce que leur carte bleue déverse du cash et coule comme le tonneau des Danaïdes. Les fins de stocks de tissus des grandes Maisons sont ainsi « mis à la disposition » de ces copieurs qui se vantent d’utiliser un « tissu Saint-Laurent ou Hermès. » Ahurissant !!!

Stages, galas de fin d’année, jurys d’examen, parrainages, une mine d’or pour des professionnels qui y trouvent des idées à exploiter. Puis, il y a les concours de Mode, limités à une certaine tranche d’âge, dont les participants doivent déjà avoir présenté trois collections, créé une société et avoir déposé leur marque ! Quelle trouvaille pour des jeunes qui commencent leur activité, non seulement ils ont à rembourser leur prêt étudiant, mais en plus, ils doivent prendre un crédit pour protéger leur label.

Finalement, le jeune sera repéré, mais surtout par les média qui s’emparent de cet événement devenu un vrai commerce pour les grands groupes. Les idées ainsi voyageront autour du monde, grâce à la magie d’internet et serviront les grandes industries. Les «suiveurs» exploiteront leurs idées et laisseront les jeunes Lauréats sur la touche, impuissants devant ces copieurs.

S’affirmer et protéger ses idées sont un parcours du combattant et malgré 17 000 lois, celles sur la Propriété Intellectuelle restent floues et sans effet hors des frontières de l’Union Européenne, et surtout aux États-Unis et en Chine.

C’est un fait : la passion ne nourrit pas forcément le créateur, car c’est le suiveur qui, lui, aura les moyens d’exploiter l’idée et qui se fera une place au soleil. Les porcelainiers, les cristalliers, les plumassiers ont été pillés, car pendant des années, les grandes marques Française les ont exploités, les laissant à la limite du dépôt de bilan, sous perfusion pour mieux les contrôler. Et pour finir par les racheter car il y a un moment où le Kaiser avait compris, avec sa rigueur toute germanique, qu’il en avait besoin pour ses propres collections.

Je n’oublierai jamais cette décérébrée du marketing de Vuitton, qui venait nous présenter un projet pour un service à caviar vendu en boutique 25 000 €, et nous dire qu’elle n’avait pas de budget ! Et donc quand nous lui avons annoncé 1000 Francs pièce, elle a, bien entendu, trouvé cela trop cher. Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche.

Anonymode