PORTE D’AUTEUIL LE RÊVE D’ICARE

Ceux, qui y habitent, ne connaissent probablement pas cette histoire; les portes d’Auteuil et de Passy renvoient à deux anciens villages annexés à Paris en 1860 ce qui fit le bonheur de Balzac, mais pourquoi ? Si vous filez rue Berthon, vous entrez dans une autre dimension. C’est encore un chemin étroit avec la borne qui indique toujours la limite des anciennes Seigneuries, la petite porte basse au numéro 24, qui donnait sur l’arrière de la maison où demeurait Honoré de Balzac, servait de sortie, bien pratique, car elle permettait à l’auteur de la Comédie Humaine de fuir discrètement lorsque se présentaient des créanciers.

Un peu plus loin, La Muette ou le rêve d’Icare ! Là également, personne ne peut imaginer cette histoire, même pas Chantal ! Cette muette-là était bien bruyante et aboyante puisqu’il s’agissait, en fait, d’une « meute » de chiens avec son orthographe ancienne (muete), du latin mota (« action de mouvoir ») rappelle l’époque où l’endroit était un terrain de chasse. Le château a été remplacé par l’OCDE, qui fit suite à deux châteaux disparus depuis ; tout d’abord celui de la reine Margot reçu pour son mariage par le futur Henri IV, puis celui de Louis XV qu’il fit construire pour le dauphin.

Ce qui n’a pas bougé, en revanche, c’est le parc qui fut le 21 novembre 1783 le théâtre d’un exploit extraordinaire. En effet, ce vendredi-là, en début d’après-midi, le physicien Jean-François Pilâtre de Rozier, accompagné de François Laurent d’Arlandes, grimpent dans une nacelle en osier surmontée d’un ballon gonflé à l’air chaud, qui était l’invention des frères Montgolfier. À cet instant, le rêve légendaire d’Icare devint réalité. L’homme se libère de la pesanteur pour un vol qui atteint en 20 minutes la Butte-aux-Cailles après être passé au-dessus de l’école militaire et du jardin du Luxembourg.

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