TÊTUE COMME UNE MOULE

On peut décidément s’amuser d’une kyrielle d’expressions d’un autre temps qui disparaissent dans le forage de Kola et dans les profondeurs des usagés de la Télé-réalité. Par exemple :  une cartouche d’encre noire devient une cartouche de couleur nuit, politiquement plus correcte. Les lavandières qui ne faisaient que laver, aujourd’hui pratiquent « laver » Maria ! Et le petit rat de l’Opéra arrive seulement aux heures de pointe. Et nous sommes passés du cardigan à la Cardi B. Un crétin qui imprime un logo sur des T-shirts s’appelle dorénavant un couturier ! Et un bug humain ; un Trump.

Voici donc la madeleine de « Proust », qui n’est plus un petit moment de votre enfance, mais un bruit incongru odorant émis par Madeleine. Et beaucoup d’expressions si imagées qui se transforment au fur et à mesure des années. « C’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire des limaces ». Il y a aussi : « J’ai été pompeuse d’essence », « C’est pas l’âge qui fait le moine », « Les oreilles ont des murs » .

Vous trouvez cela drôle ? Certes, en effet, mais c’est aussi consternant, et même si vous lisez sur le langage Aristote, celui-ci définissait le langage humain comme un langage de signes, alors que la communication animale est un code de signaux. Voici donc ces acteurs de la télé-réalité qui viennent contredire tous les philosophes, car, à n’en point douter, certains humains sont visiblement plus proches des animaux. Et même si le langage est le propre de l’homme, au même titre que le rire, je ne ferai pas la bête, mais je suis triste de voir toutes ces expressions disparaître au profit d’un rire qui me laisse un arrière goût dans la bouche.

Anonymode