MORT D’UN GÉANT

Svelte, les bras étendus comme des ailes déployées, il marchait dans l’air qui virevoltait autour de lui, lui donnant une élégance sans égale. Sa chevelure blanche faisait de lui l’homme sage le plus jeune de l’industrie de la parfumerie. Il était l’homme aux 650 flacons parmi les plus connus de la planète. Un créateur du rêve, un libertaire convaincu. A la première lecture de sa personnalité, on pouvait deviner que ce poète des temps modernes, amoureux de sa femme, comme un enfant, était un provocateur qui cachait une grande timidité. Sa vie, en dépit de quelques embûches, ne viendra jamais ternir son élan, son enthousiasme et sa créativité.

Les senteurs et les parfums tournaient dans l’air du soir comme une valse mélancolique autour de lui et dans un langoureux vertige où l’imaginaire et la sensualité n’ont eu de cesse que de croître, car sa seule volonté était de créer pour les générations futures.

C’était un créateur hors pair qui influença le milieu de la parfumerie en créant pour celle-ci sans relâche. Je vous parle d’un Maître, d’un Sculpteur, mais aussi d’un grand Designer de contenus. Il a façonné le monde de la parfumerie pendant plus de 50 ans. C’est parce qu’il a su regarder au-delà de l’image imposée par le politiquement correcte, qu’il a réinventé le monde qui nous entoure. Un homme qui transforme notre univers comme les impressionnistes, en leur temps, transformaient l’art en transgressant, un maître à la fois force et délicatesse, puissance et douceur, simplicité et sophistication, la poésie de l’extrême, la finesse de l’esprit font de lui un mythe qui vivra à jamais. Je perds ici un ami, un frère et un père à la fois. Je suis si triste…

Anonymode