LES FILLES D’AUJOURD’HUI

C’était l’heure où l’âme qui, sous le poids du corps, oublie l’air pleine de frisson, quand l’aube apparaît et où la nuit, qui s’en va, s’enfuie derrière la femme aimée. Là où le chant du coq, au loin, déchire l’air du petit matin. Je remonte le trottoir avec mon cabas pour faire la corvée des courses du samedi matin. Face à moi, à la croisée des chemins, deux jeunes filles de 20 ans, l’une cheveux gras et seins lourds qui n’a jamais connu de bonnet probablement, et don la gravité de Newton finissaient par courber la donzelle vers le sol, un jean troué aux genoux et coupé sous la raie des fesses lui faisait office de pantalon, un maquillage tellement light qu’il est inexistant laissant apparaître des petits boutons d’acné sur l’ensemble de son visage.

Son amie, avec qui elle est en grande conversation bruyante, quant à elle, avait revêtu une casquette pour cacher ses pellicules, un pull-over qui couvrait mal son épaule où l’on pouvait apercevoir une pilosité mal contrôlée et un pantalon cours qui arborait des tâches blanches en son centre lui compressant sa Nymphe de Ternate. Bref, une vision de jeunes filles d’aujourd’hui qui, au passage, laissant dans leur sillage, une odeur pestilentielle, me gratifiait au passage d’un nuage de fumée qui sentait le remède contre l’amour.

Je me suis dit : voilà une bonne idée d’article et donc je commence à réfléchir sur les travers de ces jeunes filles. Facile pour moi, j’en ai une à la maison, et toute forme d’idées me vienne subitement à l’esprit. Mon attention divaguant, je finis par arriver au G20 pour nourrir justement la jeune donzelle de la maison qui ne mange que des pâtes à la bolognaise et les gâteaux « Prince de Lu ». (Les filles sont ainsi. Elle cherche toujours le prince charmant, même dans les gâteaux).

Sortant du magasin, j’aperçois au loin une jeune fille du même âge qui, au fur et à mesure que j’avançais, me permettait de découvrir une beauté aux cheveux parfaitement mis en plis, un tailleur qui soulignait sa taille, un maquillage parfait, des escarpins Louboutin, peu de bijoux mais juste assez pour que l’ensemble fasse une vision de rêve. Il y avait une telle dichotomie avec les autres jeunes filles, que je venais de croiser, que je m’arrête pour lui demander si elle allait à un mariage ou autre chose pour être apprêtée de la sorte de si bon matin.

Celle-ci m’écoute avec attention et tout en m’excusant de la déranger, je lui explique que mon intention est de faire un article sur les jeunes filles de son âge. Elle me regarde un long moment avec ses yeux verts comme de l’émeraude. Elle minaude un peu et me lance, « t’énerve pas Coco pour la nuit, c’est 2 500 euros ». Finalement, j’avais mon article.

Anonymode